2015
GORGES DUHAMEL TÉMOIN DE 14/18 (Montage texte : Jean-Paul Cathala)
Mais bon Dieu, pourquoi cette manie en France de mettre dans un purgatoire des artistes qui ont
compté parmi les plus importants de leur temps ? On a traité Duhamel d’humaniste ce qui relève
désormais de la pire injure dans la secte des ironiques et des nouvelles « Précieuses Ridicules ».
Voyons ça de plus près : Duhamel a pile trente ans quand tombe la déclaration de guerre. Pour raison
de santé il en est dispensé, lui qui est médecin-chirurgien. Mais il se débrouille pour être avec les
autres, ses frères, au front. Et ce jusqu’au bout, en 1919. Et pas en résidence : Verdun, la Champagne,
etc…
Sa compagne, Blanche, comédienne phare de Copeau et Jouvet, l’approuve et le soutient de toute son
ardeur.
Entre deux mitrailles, deux charcutages sur des corps réduits à rien, dans des conditions plus que
précaires, Duhamel écrit. Fiévreusement. Il note tout. En sortiront plusieurs livres qu’on ne peut
appeler romans ni témoignages, je dirais poèmes en prose de la douleur et de la compassion.
Humaniste donc. Et courageux avec ce regard comme innocent des vrais grands.
Les livres en question :
La Vie des Martyrs / Civilisation / Entretiens dans le Tumulte / Élégies
À quoi il faut ajouter (qui paraîtra en 1928) « Les Sept Dernières Plaies » et pour clore ce cycle de
conscience, « La Pesée des Âmes » (qui paraîtra en 1949) beaucoup plus autobiographique celui-ci.
La lecture sera accompagnée au violoncelle par Isabelle Poulain. Des musiques interstitielles
enregistrées, viendront parfois soutenir les textes. Il y aura aussi une exposition d’éditions originales
de Georges Duhamel.
Une invite appuyée à une redécouverte de haute lisse.
POÈTES DE LA RÉSISTANCE (Montage texte : Jean-Paul Cathala)
Il me revient en mémoire une directrice de Bibliothèque publique : « Ah, là là, Cathala et sa résistance !
Quand est-ce qu’il va passer à autre chose ? » À la passivité, par exemple, madame ? Ce que j’aime dans
cette réflexion c’est le « sa résistance ».
Quand nous avions mis sur pied « Les éditions Clandestines sous la botte nazi », j’avais collationné une
grande quantité de livres de ce temps-là, et bien sûr et surtout les poètes. Révélateurs et conscience de
tout un peuple. Ces livres formaient une exposition panoramique de l’action intense de ces artistes et
des risques qu’ils avaient encourus.
Cette fois, je voudrais simplement lire et dire les poèmes eux-mêmes qui ont comme façonné, bétonné
notre mémoire de ces temps livides.
Les poètes et écrivains de 14/18 étaient comme assommés par la boucherie européenne et réagissaient
pas la compassion, les cris et les larmes de douleur.
Les poètes de la résistance sont comme possédés de dégoût et d’une colère de feu. Ils sont dans la
certitude.
Nicolas Marty sera avec moi en jeune résistant fier et propre qu’il est. Il fera visiter l’exposition très
importante de livres de ce temps (et qui donc existe déjà) et répondra aux questions car à ma semblance
il est passablement toqué des livres qui sont de vraies bouées quand le monde en dérive.
« Le monde est si grand, si riche et la vie offre un spectacle si divers que les sujets de poésie ne feront
jamais défaut. Mais il est nécessaire que ce soit toujours des poésies de circonstance, autrement dit il
faut que la réalité fournisse l’occasion et la matière. » (Goethe)
RIMBAUD ENCORE ET TOUJOURS ET PLUS QUE JAMAIS (Montage texte : Jean-Paul Cathala)
Le 20 Octobre 2014, 160ème anniversaire de la naissance du génie adolescent. Un prétexte, c’est sûr.
Un beau prétexte pour revenir encore et toujours sur les mêmes questions : pourquoi celui-là,
pourquoi là-bas dans les Ardennes, pourquoi ces fuites, ces retours, pourquoi cette jambe sectionnée
de cet inlassable arpenteur du monde ? Surtout à quel insondable abîme sont arrachés les mots qui
brûlent sans sagesse acquise, sans expérience de corps ni déraison ?
Le principe du spectacle est acquis : moi aux textes que je connais de longue date, Isabelle Poulain
m’accompagnera au violoncelle, attentive, ayant le même prénom que cette sœur d’Arthur…
Décidément les concordances sont sans fin. Entre ou pendant, projection d’images que nous tournons
sur les lieux mêmes (dans les Ardennes). Guillaume Bouet y est Rimbaud dans ses égarements.
Nous essaierons d’être prêts pour ce 10 Octobre, veille du jour où mourut un autre dérangeur de
tourner en rond : Cocteau.
ICI FINIT LA BALLADE
Les trois projets qui précèdent ne verront jamais le jour. Isabelle et Nicolas lâchent prise. Nous nous retrouvons,
Philippe Audibert et moi, seuls pour éponger les dettes de la troupe, vider et liquider le nouveau lieu en Limousin, le
vendre, ne pouvant assurer les mensualités de l’emprunt. Philippe y contractera une grave blessure suivie d’une
opération du dos qui le laisseront définitivement sans possible retour sur scène. Quant à moi, la lésion psychologique
est telle qu’elle entraînera une grave maladie. Mais nous finirons par tout liquider et rejoindrons ma vieille bicoque
dans l’Aude.
J’ai toujours voulu et de même mes camarades être culturellement « utile », persuadé que la seule solution est de
combattre les idées néfastes à la base, c’est-à-dire chez l’enfant et l’adolescent. De même obstinément persuadé que la
création, si humble soit-elle, est le chemin le plus sûr pour éveiller les consciences.
Je ne tirerai aucune conclusion de tout ceci. Ma seule interrogation reste toujours la même : comment des politiques
qui prétendent parler au nom du peuple (et qui sont élus par lui) peuvent-ils détruire sciemment des entreprises aussi
utiles et peu coûteuses que la nôtre. Car, j’ai oublié de le dire, mais c’est désormais une évidence, nous avons trouvé
en Limousin les mêmes personnes que dans l’Aude. Ils le paient très cher aujourd’hui et sont directement
responsables de la vague populiste qui monte de tous côtés. Mais j’ai assez vécu pour savoir qu’ils s’en moquent
éperdument et que la seule chose qui leur importe c’est leur misérable « carrière ». Nous ne sommes hélas que des
outils de leurs ambitions.
Que n’avons-nous écouté Arthur Rimbaud : « C'est faux de dire : Je pense : on devrait dire : On me pense. »
Désormais je me consacre avec quelques amis solides à l’édition de poètes, renouant avec ce par quoi tout a
commencé.
Si le cœur vous en dit allez sur www.avant-quart.com
Vous y trouverez aussi une édition de 19 de mes textes dont la plupart furent et sont encore joués.
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