1987
LE PAQUEBOT TENACITY (Charles Vildrac)
J’ai toujours eu tendresse et admiration pour le « Groupe de l’Abbaye ». Ces jeunes gens pétris d’utopie,
de rêves d’amitié en poésie et qui (tous) jusqu’au bout ont lutté contre toutes les formes de guerre, pour
l’égalité absolue en démocratie et pour commencer par une égalité d’accès à la culture, au savoir. C’était
une obsession chez eux. Ils avaient bien raison. J’aurais vécu dans leur temps je les aurais rejoints.
Enfin, s’ils m’avaient accepté.
Outre Vildrac, il y avait là des gens d’une honnêteté sourcilleuse : Georges Duhamel, Jules Romains,
Jean-Richard Bloch, Luc Durtain, Jacques Doucet, Albert Gleizes, Berthold Mahn et beaucoup
d’autres…
Vildrac qui était fils d’un ancien communard a participé à toute l’horreur de 14/18. Il en a vu les
conséquences sur l’âme même des hommes. Après cette boucherie, les êtres humains n’étaient plus les
mêmes. Le peuple français, peuple de paysans, se retrouvait comme déraciné de ses propres valeurs.
Vildrac a ruminé le texte de sa pièce durant les deux dernières années de la guerre, il fut publié en 1919.
Jacques Copeau, ami de longue date et Jouvet la montent au vieux Colombier en 1920. Un triomphe
absolu.
L’Œuvre porte en elle quelque chose de nous, de notre temps je veux dire. Comme si de cette guerre
épouvantable, nous ne pouvions nous en remettre.
Il y a chez Vildrac de constantes métaphores poétiques. Il ne faut surtout pas traiter cette pièce comme
une œuvre naturaliste.
Marc va produire un décor (un troquet pour marins dans la partition de Vildrac), comme fabriqué par
Eiffel avec ses piliers de fonte et ses verrières, et au mur une mosaïque délabrée représentant Neptune.
En fond, derrière des verrières donc, apparaîtront par intervalles des masques ricaneurs, grotesques
qui sont des résurgences du vécu des hommes de ce temps-là.
Vildrac était avant tout poète. Jean-Pierre Rigaud composera une musique très émouvante sur un des
plus beaux textes de Vildrac extrait de son « Livre d’Amour » : Si l’on gardait.
DISTRIBUTION :
Hidoux
:
Jean-Paul
Cathala
/
Ségard
:
Jean-Pierre
Rigaud
/
Thérèse
:
Bernadette
Boucher
/
Bastien
:
Noël Camos / Le matelot anglais : Pierre Fernandès / Mme Cordier : Laure Vézia
DÉCOR : Marc Peyret
COSTUMES : Laure Vézia
CHANSON :
Jean-Pierre Rigaud
MUSIQUE DE SCÈNE : Adagio de la 5
ème
de Gustav Mahler
À
propos
de
cette
musique,
des
cultureux
me
reprochent
de
l’avoir
prise
à…
Visconti
!
Mais
à
qui
diable
Visconti a-t-il bien pu la piquer ?
LE TRAJET DE PIERROU D'AUVERGNE (Jean-Paul Cathala)
Bien que d’origine portugaise, Pierre Fernandès est définitivement Auvergnat. Je pourrais dire aux
tripes.
Il me demande un texte à base de contes populaires drolatiques d’Auvergne. Je m’exécute avec d’autant
plus de plaisir, que pour moi les contes populaires sont une source constante d’inspiration. Il le jouera
un nombre appréciable de fois.
Il créera plus tard, quand il se sentira prêt, son groupe dans le Cantal : La Compagnie des Champs
Guy Demoy à qui je raconte toutes ces choses, me félicite d’offrir ainsi à chaque comédien une sorte de
bouée de survie. En fait, cela va plus loin : la comédienne ou le comédien fait l’apprentissage de sa
responsabilité face au public et devient inévitablement son propre critique. Plus tard, s’appuyant sur ce
vécu, il pourra construire s’il le désire sa propre entreprise. C’est en tout cas mon but intime.
QUELQUES NOUVELLES DE LA MER DE SABLE (Jean-Paul Cathala)
Les Touaregs, les guerriers légendaires, les errants des sables, les caravanes énigmatiques, les
campements fugitifs... mais encore les bergers, les femmes, le matriarcat, les conteurs, les poètes, la
culture orale, la pauvreté, la fierté, l'humiliation...
On a réussi à relever une grande quantité de poèmes Touaregs, mais les contes sont déjà plus
indiscernables, moins faciles à répertorier. Ils sont pourtant une grande part de la mémoire de ces
peuples. Poèmes et contes imprègnent notre spectacle.
En voici l’histoire : une très jeune-fille, habitante de nos villes, vit une vie étriquée, grise, rêveuse, au
cinquième étage d'un triste immeuble. Le palier est son seul refuge. Elle a ce qu'on appelle un
correspondant, Mokhtar, garçon de son âge qui vit dans une tribu errante du désert. Ils s'écrivent. L'un
questionnant l'autre, l'autre répondant du fond des sables et, chose étrange, c'est le plus pauvre, le plus
déshérité, qui alimente l'imaginaire de celle qui semble tout avoir. Alors, comme par écho, nous
viennent sous forme de faits quotidiens, de contes, de musiques, de poèmes, ces quelques nouvelles de
ceux qu'on surnomme parfois : « Les tziganes du désert ».
Sont-ils les derniers « hommes libres » ? Sont-ils en voie de récupération ?
Les structures archaïques du clan, de la tribu, est-ce vraiment la solution ?
Mais, à l'autre bout, l'enfant de nos villes est-elle heureuse privée de vraies racines culturelles ?
Est-on heureux s'il manque la part du rêve personnel, identitaire ?
L'homme vit-il seulement de pain ?
Aussi gravement énoncé, le sujet peut paraître aride. Non. Le spectacle, au contraire est joyeux,
magique, et plein de fraîcheur.
Certes cela commence sur un palier de cinquième étage, mais cela finit sous une tente au beau milieu du
Sahara, entourés par quelques fresques du Tassili.
La revue Avant-Quart édite des poèmes Touaregs recueillis et traduits par le Père de Foucault.
DISTRIBUTION :
La jeune fille ; Bernadette Boucher, puis Pascale Routier et plus tard Christophe Montrose.
Bande son : Pierre Margot (Pour les dernières reprises).
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