1985
LES CLASSIQUES DU XXème SIÈCLE
Après les folies cinématographiques et bâtisseuses, après Avignon, nous éprouvons un besoin de calme, de repli et surtout de
théâtre autre que ce que nous venons de faire. L’idée point de tenter un répertoire qui serait basé sur les grands textes du
XXème siècle mais qui n’exigerait pas une lourde distribution. Le titre de ce nouveau filon est vite trouvé : « Les Classiques
du XXème Siècle ». À tout seigneur tout honneur : « Le Silence de le Mer ».
En suite de quoi il y aura « Poil de Carotte », « Le Paquebot Tenacity », « En Attendant Godot »…
Nous avions dans nos projets « Huis Clos », un Salacrou, une reprise de « L’exception et la règle », un Eduardo Manet et bien
d’autres.
LE SILENCE DE LA MER (Vercors / Mise en scène Jean-Paul Cathala)
On l’aura compris, la Résistance au nazisme sur le territoire de France, est l’une de mes références, une
de mes constantes si l’on veut.
Alors, pour ouvrir nos classiques du XX° Siècle quoi de plus évident que le texte de Vercors ? D’autant
que nous avions découvert que Vercors avait lui-même fait une adaptation de sa nouvelle pour le
théâtre. Je rencontre cet homme réservé, presque farouche, qui, on le sait fort peu, était un immense
dessinateur graveur (Sous son vrai nom : Jean Bruller). C’est sur ce thème que j’engage la conversation.
Bien m’en a pris car je comprends vite qu’on l’a réduit à ce « Silence de le Mer » et bien sûr que cela ne
peut que l’importuner. Il m’accorde volontiers les droits mais me demande de le tenir au courant de la
mise en scène. Ce que je ferai par intervalles réguliers. Il me répondra toujours avec de très précieux
conseils.
Noël Camos et Bernadette Boucher sont originaires de l’Est de la France. Ce sujet les concernait très
profondément. Je propose à André Dion le personnage de l’oncle dont je fais un entomologiste
maniaque et infirme qui se venge sur les insectes de son obligation de silence.
Bernadette est presque tout du long au bord de la crise de nerfs. Cela donne au personnage un
frémissement douloureux qui habite littéralement le temps scénique.
Noël va travailler tellement son personnage qu’il en devient comme hagard. Il en oublie par instants de
« jouer ». On est dans une tragédie quasi antique. Noël qui, je crois, a des origines en partie grecques
porte cela en lui.
Enfin, Jean-Pierre Rigaud et Jean-Michel Ropers sont deux braves soldats, ouvrier et paysan, eux aussi
broyés par l’absurde.
On ne peut pas dire que le plateau est tendu, non, on est devant une incongruité indéchiffrable de
l’Histoire. Les répétitions ne sont pas faciles. Je ne veux surtout pas passer à côté de cette chance, de ce
monument humaniste, de ce pamphlet resserré contre la guerre.
Le public ne s’y trompera pas. Nous assurerons quelque chose comme 135 représentations.
Les comédiens n’en ressortiront pas indemnes.
Exposition sur la Résistance
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