Année très dure. Il a fallu rembourser les dettes accumulées de la troupe et réparer les négligences comptables. Jean-Pierre Rigaud et moi acceptons tous les boulots qui se présentent de jour comme de nuit. Guy Demoy nous procure un tas de petites interventions pour la télé. Jean Dometti nous prêtera son atelier pour répéter en échange de ma vieille et increvable Volvo. Des amis médecins accueillent notre caravane dans une petite cour du treizième arrondissement. Auprès d’eux nous vivrons une expérience très intense : ils sont chercheurs sur la pilule pour hommes et « aident » des jeunes filles de banlieue qui voudraient avorter. La loi Veil vient à peine d’être votée et n’est pas encore entrée dans les mœurs.
JEAN-PAUL CATHALA OU LA MISE EN CRISE DU THÉÂTRE (Moyen métrage de Guy Demoy / Production A2)
(Moyen métrage de Guy DEMOY dont j’assure aussi l’assistanat) Production A2. Censuré par la chaîne ! On peut y lire en filigrane ce qui allait se produire : le renoncement à toute action authentiquement populaire, la liquidation des propositions vilariennes au profit d’un théâtre qui par des chemins tors mais subventionnés, rejoint un élitisme uniquement basé sur l’esthétique, avec un affaiblissement pathétique des textes, ce qui est un comble pour un art basé essentiellement sur le langage… Guy aurait aussi bien pu intituler son film « … ou la mise en miroir des privilèges » Une scène avait lieu au Théâtre de l’Aquarium, une autre au Théâtre Populaire de Loraine, une autre à Villeurbanne où Planchon nous reçoit en pantoufles. Moi je suis filmé gueulant mon désarroi au fond du trou des halles, puis dans notre caravane (avec Jean-Pierre Rigaud et Jean-Pierre Gallego) parquée près du théâtre de La Tempête à la cartoucherie de Vincennes. Nous étions loin de nous imaginer que dans quelques années nous reviendrions jouer là « La Tempête » justement.
ILS EN RACONTAIENT DES HISTOIRES EN 1709 (Jean-Paul Cathala)
Je voulais parler de mon pays de racine : l'Ariège. Dans ce sentiment d'exil j'écrivis 1709. Jamais nous n'avions été aussi pauvres. Tant bien que mal une troupe se constitue. Lisbeth Bernadou et Michel Coulet nous rejoignent, puis, me croisant par hasard dans une rue et me trouvant tellement triste d’allure, Charles Boda me joint et la tribu se reconstitue, sans Jean-Pierre Han toutefois. Nous achetons à des forains, je ne sais plus avec quel argent, un minuscule chapiteau de 14 mètres de diamètre. La pièce rencontrera un succès étonnant. Depuis sa création le 24 novembre 1975 à Lautrec dans le Tarn, elle a connu quatre mises en scène. D'abord jouée sur un plateau rond et central, la scénographie deviendra vallée de gradins avec scène- couloir au milieu. Le texte lui aussi évoluera.
DISTRIBUTION : Lisbeth Bernadou / Charles Boda / Jean-Paul Cathala / Michel Coulet / Jean-Pierre Rigaud / Mishka Samarra Et Inès Blatner / Jean-Pierre Gallego / Marie-France Samarra. Plus de 400 Représentations toutes distributions confondues, dont une vingtaine dans le off d’Avignon / 135000 Spectateurs au moins. De quoi être fiers !
PRESSE : ... On voit d'abord surgir l'Histoire de ce temps. L'Histoire avec un grand "H", telle qu'elle nous est contée dans les manuels, par ces littérateurs du "Roi Soleil" qui n'ont d'yeux que pour Versailles, ses fastes et ses fresques, mais qui laissent volontairement de côté cette zone d'ombre qui s'appelait alors le travail harassant et sans espoir, la famine, la guerre et l'exode loin du pays. Mais peu à peu, grâce au travail scénique des comédiens, à l'admirable texte qui l'accompagne, la vérité sur ce siècle se fait toute claire, toute présente. On voit surgir des êtres qui, sans le vouloir et beaucoup mieux que ces gloires nationales, nous permettent de frôler le drame de ces paysans qui sont les humbles artisans de ce siècle de Louis XIV. Les personnages qui peuplent ce récit, ne valent à nos yeux, que par leur ressemblance, car tout ce qu'ils relatent est rigoureusement authentique... C'est rugueux, noueux, consistant, massif et puissant. C'est une stylisation constante, qui nous permet par son biais de découvrir d'une autre façon l'histoire de notre pays. La vraie. Pierre Pons (1975)
1975
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