LA GRANDE CHASSE D'ÉNOWALIK L'ESKIMO (Jean-Paul Cathala)
Après quelques mois de réflexion et de remise en question, certains d'entre nous décident malgré tout
de repartir sur les routes. Nous répétons à Paris, sur un texte entièrement écrit cette fois, et décidons
de limiter notre tournée dans le temps. C'est une réussite. Les acteurs sont heureux, d’autant que grâce
à Maurice Sarrazin nous ferons une série de 30 représentations dans une salle de spectacle en plein
Toulouse, rue Rémuzat. Nous y croiserons Fontaine et Aresky. Henry Long l’administrateur du Grenier,
et qui sera l’initiateur de Odyssud à Blagnac, fait merveille.
Mais avant, j’avais rencontré Pierre Roudy, proviseur de la rue Blanche, qui s’intéressait au spectacle
jeune public. Grâce à lui, le texte sera édité chez Magnard.
J’étais en recherche d’un comédien. Il me présente Bernard-Pierre Donnadieu. Il jouera le caribou et le
chaman (ses tout premiers rôles en professionnel).
Maria Casarès m’offre la voix de la conteuse. Elle aime beaucoup mon texte.
Poussé par Jacques Tromeur, Jean Dometti s’essaie aux costumes pour le jeune public.
François Bayle nous prête quelques-unes de ses musiques et nous avons ensemble décidé du choix.
Enfin, pour ne pas m’égarer, Paul-Emile Victor veille sur mon écriture. Il nous offre des poèmes
Eskimo traduits par lui et nous met en relation avec des artistes du grand Nord qui nous envoient de
leurs œuvres. La revue Avant-Quart éditera l’ensemble.
Je me souviens d’une journée mémorable : dans l’immense salle du casino de Biarritz, nous jouons en
après-midi devant 700 enfants plus qu’attentifs. Vraiment. À la fin on nous presse de vider les lieux car
le soir même… Casarès prend notre suite pour jouer « La Célestine » !
DISTRIBUTION :
Jean-Marc Alberg / Jean-Pierre Han / Josy Miquel / Gladys Condé / Bernard-Pierre
Donnadieu / Jean-Pierre Gallego / Nicolas Froment.
Voix de la conteuse : Maria Casarès.
Décors et Costumes : Jacques Tromeur, Jean Dometti.
Musiques : François Bayle
Conseiller : Paul-Emile Victor
Enregistrements : Bernard Frère (Nicolas Froment)
125 Représentations / 68000 spectateurs environ.
PRESSE :
Au niveau du langage, des signes et du jeu, le spectacle est d'une très agréable clarté. Sans décors, avec
très peu d'accessoires et des costumes qui offrent des images simples, les comédiens parviennent, grâce
à un intéressant travail d'expression corporelle, à apporter beaucoup de caractère et de cocasserie à
leurs personnages. Le texte pèche parfois par des débordements lyriques peut-être excessifs qui
donnent au spectacle quelques accents mélodramatiques assez gênants. Mais la rigueur de la mise en
scène, la stylisation du jeu et de la diction constituent les principales qualités de cette réalisation,
appréciée par un public dont le jugement, on le sait, est généralement impitoyable.
Jean-Paul Cathala et ses camarades ont visiblement une certaine expérience dans ce domaine, et leur
travail témoigne d'une réflexion sérieuse sur le problème du théâtre pour enfants.
Yves Marc (La Dépêche du Midi)
Surtout ne nous lâchons pas : Casarès, Bayle, Donnadieu, Dometti, Tromeur, Moncys, Paul-Emile
Victor… Et surtout ne soutenons pas cet art naissant qui balbutie et se cherche sans aide aucune : le
théâtre pour le jeune public !… Je suppose que les passages « mélo » étaient les deux ou trois poèmes
Eskimo glissés dans mon texte, ceux justement traduits par Paul-Emile Victor qu’on ne saurait tancer
de romantisme larmoyant... Ah, j’oubliais ! Il m’arrive de lire Maud Mannoni ou Françoise Dolto et
même d’assister à ses conférences quand il me reste un peu de temps !…
1972
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