L'ENFANT, LA FEMME ET LES CLOWNS (Long métrage couleur de Guy Demoy) Production A2
À cette époque, l’A.T.E.J. (association pour le théâtre pour l’enfance et la jeunesse) avait à sa tête une femme remarquable : Rose-Marie Maudouès. Elle était apparentée, je crois, à Léon Chancerel. Cette association avait des ramifications dans toute l’Europe et autant qu’il m’en souvienne en URSS où le théâtre pour les jeunes était dans les préoccupations du pouvoir. Rose-Marie me parle d’un réalisateur de télévision qui recherche une troupe comme la nôtre pour un tournage éventuel. Nous rencontrons ce monsieur. Très vite le courant passe. Nous ne comprenons pas grand-chose à son projet mais nous lui faisons confiance. Guy Demoy est l’un des inventeurs de ce qu’on a appelé depuis le « reportage-fiction ». Il puise dans la réalité les éléments de son projet et en donne une interprétation très soucieuse de psychanalyse. Loin d’être intellectualiste, le résultat est exigeant, critique, mais tout à fait accessible voire festif. Il me semble que la notion même de « nouvelle vague » l’agaçait au plus haut point. Son maître vénéré : Flaubert. Guy, sa compagne Nina et moi deviendrons très amis et nous ferons pas mal de route ensemble et partagerons nombre de fou-rires. Je ne me souviens plus si le film a été diffusé. Peut-être en 73. Aujourd’hui, ARTE en ferait ses délices. Guy était et reste un précurseur totalement intègre d‘une télévision exigeante et populaire au meilleur sens du mot. Il est par ailleurs passionné de théâtre et a assuré bon nombre de reportages du Festival d’Avignon.
LA DANSE DU SOLEIL (Jean-Paul Cathala)
II s'agit là d'une création collective de l'ensemble de la Compagnie. Sur un canevas très simple, et tout à fait allégorique, les acteurs devaient se « représenter ». Tout au moins tenter de mettre en évidence leur quête intérieure. Un projet trop ambitieux. Le public visé n'y trouvait pas son compte. Pourtant, nous avions mis beaucoup de nous-mêmes dans cette entreprise. Esthétiquement, le spectacle était d'une grande beauté. À plusieurs reprises nous avons tenté de le remanier sans y parvenir.
DISTRIBUTION: Géraldine Granjon / Josy Miquel / Christine Fersen / Jean-Marie Villette / Jean-Pierre Han / Nicolas Froment / Patrice Ghirardi / Jean-Marc Alberg. Décors et Costumes: Jacques Tromeur. Scultures : Antanas Moncys. Musiques Africaines. 40 Représentations / 21000 Spectateurs environ.
Fin 1971
Géraldine Granjon nous quitte. Elle voudrait un peu vivre pour elle-même disait-elle. En réalité elle était épuisée et ne se voyait pas continuer ce théâtre où elle ne gagnait pas sa vie. Elle avait un grand appétit de rencontres, de reconnaissance. J’étais si désemparé par son départ, que je ne trouve à lui offrir que mon merveilleux chien Camino. Je l’avais ramassé en Espagne, sur une place de Valence, tout minuscule, sanguinolent, on l’avait roué de coups de pied. Il était le chien le plus intelligent et attachant de la terre. Qui savait chanter mais uniquement si on lui diffusait La Calas. Qui savait aussi faire des numéros de clown quand il vous sentait malade ou déprimé ! Géraldine en était folle. Également nous quitte Jean-Marie Villette, pour des raisons personnelles qu’il ne m’appartient pas de développer. Un des acteurs les plus poétiques qu’il m’ait été donné de croiser. Écrivant lui-même, les mots avaient leur poids de sens, de sensible et d’histoire de la langue. Au demeurant aimable et caustique, un véritable homme du Limousin en somme.
1971
CANEVAS :
Un village, à cause de son égoïsme, est plongé dans la nuit. Par groupes, par affinités, les habitants vont
partir à la reconquête du soleil.
Alain Salomon rejoint le « Théâtre du Soleil ». Il lui faudra attendre 1975 pour avoir un vrai rôle dans « L’âge d’Or ». Il apportera alors à ses personnages toute la droiture, l’intransigeance qui faisaient l’essentiel de son caractère. Plus tard il sera accueilli par le Théâtre TSE. Alfredo Arias le fera travailler jusqu’au bout. De même Jérôme Savary en particulier pour « L’Histoire du Soldat » .
Avec Susan Ferré, qui est élève de Jean Langlais nous décidons d’éditer un disque : sur une face elle interprètera des œuvres du maître, sur l’autre face Jean Langlais improvisera. Le tout est enregistré à Sainte Clothilde. Bernard Frère (Nicolas Froment) s’attèle à l’enregistrement. Un exploit vu les moyens de l’époque. Le disque existe désormais en CD.
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